Ce weekend, c’était Doors Open Toronto, l’équivalent de nos Journées du Patrimoine françaises. Une occasion pour nous de continuer à découvrir tous les recoins de cette ville incroyable à travers des visites guidées, thématiques et gratuites. Dimanche matin, on s’est donc levé super tôt (bon à 8h00 quoi… mais pour un dimanche c’est tôt !) et on a mis nos baskets, prêts à arpenter les trottoirs torontois. Nous avions réservé trois visites guidées via le site internet de l’événement. A 10h, c’était Theatres in Old Toronto, à midi, A Century of Fun : Sports, Leisure and Recreation at the University of Toronto et enfin, à 14h, Islington Murals, Trolley and Walking Tours. L’appareil était évidemment chargé à bloc et nos yeux grands ouverts.
Depuis quelques semaines, on marche en moyenne 10 à 15 km par jour ici (quand on sort, cela va de soi). Il faut dire que le temps s’y prête. Il fait vraiment très beau depuis notre arrivée et quand il fait 25 degrés dehors, on n’a pas trop envie de se coller à tout un tas de gens dans le street car. Alors on marche, beaucoup, en choisissant souvent de varier les itinéraires pour découvrir de nouveaux quartiers, de nouvelles rues ou de nouvelles boutiques et restaurants sympa. Il est pratiquement impossible de se perdre de toute façon. Il faut juste faire attention aux distances, parce qu’on peut vite dépasser l’heure de marche en croyant que « c’est tout prêt sur la carte ! ». Nous (comme beaucoup d’ailleurs), on se repère à la CN Tower (553 mètres de haut !) que l’on voit forcément de loin depuis Downtown et qui se situe au sud (tout près de chez nous, c’est pratique !). La ville se compose de rues perpendiculaires les unes aux autres, qui constituent ce qu’on appelle ici des blocs. Je crois que ce maillage s’appelle en anglais un grid system, c’est le modèle que l’on retrouve par exemple à New-York. La ville de Toronto est coupée en deux, du nord au sud, par Yonge Street, la rue la plus longue du monde ! De part et d’autre de Yonge, les rues principales sont nommées West ou East selon le côté où l’on se situe, ce qui aide considérablement à se repérer. Ici, quand on vous donne une direction, on vous donne toujours un croisement de deux rues. Par exemple, nous, on habite sur Bathurst et Fort York.
J’adore marcher en ville, même si évidemment, sur les grandes artères, il y a de la circulation et parfois un peu de pollution dans l’air. Ce que j’aime, c’est la largeur des trottoirs, la multitude d’espaces verts, la richesse de l’architecture, la propreté des rues et l’ambiance générale qui y règne. Certains disent d’ailleurs que Toronto, « c’est New-York, tenue par des Suisses ». Je trouve effectivement que les gens sont assez calmes et respectueux des « règles », et aussi gentils, dans l’ensemble. Par exemple, quand on est allé chercher Virginie à l’aéroport, le métro est tombé deux fois en panne et nous avons dû sortir du wagon, attendre le métro suivant, puis, sortir de nouveau suite à un problème avec le second métro, puis finalement re-rentrer… bref. Il n’y a eu aucun bruit, pas de mouvement de foule, les gens étaient rangés sur le quai, bien sagement, personne ne semblait râler ou protester. Le soir du feu d’artifice de Victoria Day, le street car était bondé et de nombreuses personnes commençaient à s’accumuler aux différents arrêts le long de la route. Le chauffeur expliquait simplement par la fenêtre que le street car était plein et les gens répondaient gentiment « oh et bien merci ! » et retournaient sans frustration attendre le suivant… Je remarque d’ailleurs qu’ici, dans les transports, c’est un souvent la règle du « premier arrivé, premier servi » qui prévaut et les gens semblent très bien s’en accommoder. S’il n’y a pas de place pour eux, ils attendent seulement le suivant.
Toronto, c’est la plus grande ville et la capitale économique du Canada, alors forcément, les plus grandes banques et compagnies sont réunies au centre de la ville, dans Financial District, au cœur des buildings érigés au milieu du XXème siècle et dont la hauteur peut facilement vous donner le vertige (72 étages, je crois, pour le plus haut). Les autres nombreuses tours de la ville, sorties de terre au cours des dernières décennies, sont situées dans des quartiers résidentiels comme le nôtre. CityPlace (notre quartier) compte une vingtaine de hauts buildings d’architecture ultra moderne.
Mais une fois sorti de ces quartiers, les rues reprennent très vite taille humaine, avec des quartiers résidentiels et commerçants dont les bâtiments ne dépassent souvent pas trois étages. L’architecture est incroyablement variée dans cette ville et nous avons pu en découvrir une partie à travers notre journée Doors Open et nos nombreuses balades. Il y a un riche patrimoine industriel (la ville a été désindustrialisée dans les années 1970), de style Victorien qui compose le cœur historique de la ville, situé dans le quartier de Distillery District.
La ville est en pleine expansion et des tas de nouveaux buildings sont en construction un peu partout. Certains des larges ravins qui séparent des quartiers de la ville et qui font la spécificité de Toronto ont même été comblés afin de développer la construction de la ville. Il faut rappeler ici que le Canada est un pays très jeune. J’ai appris que Toronto est née en 1750 ! Malgré tout, son histoire est riche et il semble également y avoir une importante politique de conservation et de restauration du patrimoine architectural quand on voit la propreté des façades et des monuments et la beauté des quartiers historiques. Tout autour, les espaces verts sont partout. J’ai lu quelque part qu’on dit de Toronto que c’est « une ville dans un parc ». D’ailleurs, on a déjà profité du soleil pour visiter certains d’entre eux et même s’arrêter sur les îles qui se trouvent à quelques minutes de la ville par le ferry. Un vrai petit coin de paradis.
J’aime ce côté ville aux mille visages. Ce qui est génial, c’est que cette ville est composée de quartiers aux identités fortes qui me donnent parfois l’impression d’un joyeux bordel (dans le sens HYPER positif du truc). On peut se balader dans China Town et Little Italy, mais aussi Korea Town, Little Portugal, Greak Town, et même un quartier éthiopien. Il faut dire qu’on a appris qu’à Toronto, près de 50% de la population est née en dehors du Canada ! Ce qui fait que Toronto a souvent été citée comme la ville la plus cosmopolite du monde (plus de 200 ethnies représentées !). On nous a expliqué aussi que l’immigration est une vraie force pour la ville qui a même développé une campagne autour du slogan « on t’attendait », à destination des immigrés. La diversité culturelle est bel et bien là, et la majorité des gens semblent la considérer comme un atout. J’ai vraiment l’impression que la notion de « communauté » est perçue dans un sens positif de partage d’une culture commune et d’entraide. Evidemment, cela ne veut pas dire que le racisme n’existe pas (ça serait trop beau). Mais avec le peu de recul que nous avons, ça semble quand même pas mal fonctionner. Et nous, on aime les gens, tous les gens, et on est donc super contents de pouvoir discuter et apprendre de notre propriétaire Sri Lankaise ou des collègues Népalais et Indiens de Damien. C’est un petit retour aux bases du « vivre ensemble » qui nous a vraiment fait du bien. [Youhou, vive le Canada, ces gens sont géniaux !]
Grâce à notre journée patrimoine, on a pu découvrir le campus de l’Université de Toronto. Je l’avais déjà vu de loin en me perdant avec Virginie dans cette partie de la ville, mais cette fois nous avons eu le droit à une visite guidée par un étudiant. L’architecture y est variée : « Le style roman s’allie pêle-mêle avec l’art architectural italianisant, Second Empire, néo-géorgien, Beaux-arts et néo-gothique collégial »*. [Comment vous avez su que ça n’était pas de moi ? Bah oui, évidemment je me suis renseignée un peu, car mes cours de Patrimoine étaient plutôt centrés sur le patrimoine Lorrain, alors forcément, ici, ça n’aide pas vraiment.] En tout cas, c’est imposant, c’est en pierre, c’est aussi très vert tout autour, très reposant et surtout très beau (belle analyse, je sais). C’est tellement beau qu’on y tourne pleins de films supers culturels qu’on a vu mille fois du style Mean Girls (mais si avec Lindsay Lohan!!!). Ça a été construit au milieu du XIXème siècle et il en reste pleins de légendes et même des histoires de fantômes ! Quand on se balade, on entend les carillons de la chapelle gothique : ça donne une ambiance mystérieuse à la Harry Potter. On a passé un super moment et on a même eu le droit de visiter les infrastructures sportives. Forcément en Amérique du Nord, le sport a une toute autre dimension et Toronto ne déroge pas à la règle. La salle de basket a même quasiment fait pleurer Damien…
Pendant cette journée, on a pu également faire le tour du village d’Islington, connu pour ses peintures murales. On a pris le métro (super propre et climatisé) pour se rendre à l’ouest de la ville dans le quartier d’Etobicoke. C’était vraiment génial parce qu’on a pu reposer un peu nos jambes à bord d’un petit wagon qu’on appelle ici Trolley. Ces peintures sont un projet récent du quartier de retranscrire des scènes de vies de l’histoire d’Etobicoke. Chaque année environ, une nouvelle fresque est réalisée. Pour l’auteur des peintures, John Kuna, ce qui n’était qu’une simple commande en 2004, est finalement devenu un métier à part entière, puisqu’il a réalisé 26 fresques à travers le quartier. Il passe en moyenne 300 à 400 heures par peinture ! Au milieu de la visite, on est descendu du trolley et on a marché à travers le quartier à la découverte des peintures. On a eu le droit à de super explications sur chacune d’entre elles, avec pleins d’anecdotes et de références.
Notre parcours de visite commençait à Montgomery’s Inn, une auberge construite dans les années 1830 par Thomas et Margaret Montgomery, deux immigrés Irlandais ayant fui la famine pour s’installer au Canada. Leur auberge, qui a fonctionné pendant près de 25 ans jusqu’à la mort de Margaret, a été vendue à la fin du XIXème siècle et restaurée entièrement en 1975 pour devenir un musée historique des premières années du quartier d’Etobicoke. En cette journée Doors Open, la visite était gratuite et on a même eu le droit à un thé et des petits gâteaux… que demande le peuple !