Il m’a fallu quatre jours pour trouver du travail à Québec. Je vais donc, à travers cet article, entretenir la légende qui dit, qu’ici, on trouve du travail en cinq minutes, que les gens sont très ouverts et ont le cœur sur la main. Mais il faut l’avouer, j’ai quand même eu pas mal de chance avec ce job.
Après une première semaine consacrée à la recherche d’appartement et à ce que j’appelle la « phase d’acclimatation », l’heure de trouver du boulot a vite sonné. On a donc commencé naturellement par descendre sur la rue Saint-Jean (principale rue commerçante du Vieux-Québec) qui se situe à quelques minutes à pieds de notre nouveau chez-nous. Dans cette rue, on trouve quelques bars et principalement des boutiques et des restaurants, parfois très typiques, parfois très « attrape-touristes ». Il y a d’ailleurs tout un tas de boutiques de souvenirs sur Saint-Jean (où j’ai déjà acheté des cartes postales, des gâteaux à l’érable et aussi des stickers des drapeaux Québécois et Canadien, parce bon, hein, ça peut toujours servir…).
Ce samedi, on a imprimé nos CV chez Jean Coutu, à mi-chemin entre l’épicerie, la pharmacie et le magasin de cosmétique. Ici « tu trouves de tout, même des amis », dixit le slogan. Nous on a trouvé une imprimante et du papier A4 qui n’a pas le même format qu’en France, mais tant pis s’il y a une marge de 15 cm en haut de nos CV… ça donnera un genre.
On a distribué quelques CV là où il y avait des annonces sur les vitrines : Damien dans un magasin médiéval qui vend des épées, des habits d’époques et tout un tas de figurines d’elfes, moi, dans une boutique de vêtements de sport, et un autre dans un magasin de chaussures.
Et puis comme on avait froid on rentrait dans à peu près toutes les boutiques. Et on est entré chez O’Neill parce que Damien devait se racheter un t-shirt pour la salle de sport, car que les « camisoles » (comprenez « maillot », « débardeur », « t-shirt sans manches ») sont interdites chez Planète Fitness : il parait que c’est le genre de politique qui freine les kékés du coin.
Comme il y avait -50% sur toute la boutique, on s’est dit pourquoi pas. On est entré et on a rencontré Stéphanie, une petite vendeuse blonde d’une vingtaine d’année avec un paquet d’énergie à revendre et un sourire jusqu’aux oreilles. Quelques blagues de Damien plus tard, il essayait la camisole en question et je commençais à échanger avec Stéphanie. En quelques minutes, on était clairement devenus ses meilleurs amis français, étant donné que « sans vous niaiser vous êtes trop l’fun » nous a-t-elle confirmé (ou quelque chose comme ça). Elle nous propose ni une ni deux de la rejoindre le soir-même dans une soirée et puis elle nous laisse aussi son Facebook, comme un gage de sincérité. Damien achète la camisole et on continue de bien se marrer tous les trois, comme si on se connaissait depuis toujours. Du coup, j’en profite pour demander s’ils ne chercheraient pas quelqu’un dans cette boutique. Mais pas de chance, ils viennent d’embaucher « une autre française », mais je crois comprendre que Stéphanie ne l’aime pas trop. Et comme moi, elle m’aime bien (je crois), elle me demande de laisser quand même mon CV, au cas où, si jamais, un jour, par miracle, une place se libérait. Elle m’assure évidemment qu’elle appuiera ma candidature à la « boss ». Elle semble aussi hyper surprise que je parle vraiment bien anglais, « pour une Française » !
Et puis on s’ajoute sur Facebook, on loupe la soirée parce qu’on a déjà d’autres trucs de prévus et trois jours passent…
Mardi matin je reçois un appel d’Elise, la manager, assistante du gérant qui parle tellement vite que je comprends seulement un mot sur quatre. Je comprends qu’elle me propose un entretien, pour « une job » et qu’il faut que je vienne le jour même à « midi et trente ». L’autre française a finalement trouvé mieux et a décidé de quitter la boutique… Bon, je l’avoue, ça s’appelle quand même un sacré coup de bol !
Je me prépare « vite vite » et je me rends à la boutique. Elise est « douce » comme ils disent et vraiment très sympa. Vingt minutes plus tard elle finit notre échange par « si tu veux la job tu peux commencer demain ». Et le lendemain j’ai commencé.
Ca fait maintenant un mois que je suis vendeuse chez O’Neill. Je suis payée au salaire minimum québécois, soit 10,35 $ de l’heure (comptez 7 euros et quelques, ce qui n’est vraiment pas dingue). Je n’ai pas signé de contrat de travail. J’ai cru comprendre que la poignée de main « fait office de » ! Je suis à temps partiel, mais comme Alain le responsable semble bien m’apprécier, je peux faire autant d’heures que je veux, si je demande. Mais ça me va bien de ne pas faire que travailler et d’avoir du temps pour continuer à visiter la ville avec Damien, qui lui, n’a rien trouvé pour le moment.
J’ai plusieurs collègues. Ceux que je vois le plus souvent, Anthony et Eleonore (Antho et Elé) ont 17 ans. Avec eux je rigole vraiment beaucoup. Ici, le monde du travail est vraiment différent. Les jeunes travaillent beaucoup plus tôt. Elé par exemple a déjà travaillé un an chez O’Neill et auparavant 2 ans chez Tim Hortons (très grande chaîne de restauration rapide ici) et puis du babysitting et d’autres jobs évidemment. Elle m’a expliqué qu’on peut commencer à travailler à 14 ans, et même dès 12 ans avec un accord écrit des parents. Et quand je dis travailler, c’est se voir confier des responsabilités pour de vrai. Elé et Antho ferment la boutique tous seuls, ils font la caisse, ils ont les clés, et même, s’ils le veulent, peuvent refaire tous les rayons à leur guise. Les responsables leur font confiance. Même si ça reste des jeunes de 17 ans qu’il est parfois difficile de motiver à la moindre tâche qui ne serait pas sur la « to do list » fournie par Elise.
L’ambiance est excellente. C’est vraiment « trop chill » (cool, détendu). J’adore travailler ici. On m’a d’ailleurs déjà proposé une promotion. Un poste d’assistante de l’assistante du gérant, un titre du genre « responsable de fin de semaine ». Mais j’ai plus ou moins refusé, car je sais que je vais bientôt quitter Québec et j’aurais eu trop de scrupules à accepter la promotion, tout en sachant que je ne vais surement pas rester ici très longtemps. Mais je crois que je suis adoptée, bien qu’il m’ait fallu deux bonnes semaines avant de maîtriser le vocabulaire de vendeuse. Et comme je suis sympa, je vous laisse avec une liste non-exhaustive de vocabulaire que vous m’apprendrez pour la semaine prochaine. J’annonce déjà une interro écrite.
Allo (Salut ou Bonjour) : Bonjour (tu peux aussi lancer un « tu vas bien ? » ça se fait dans pas mal de boutiques pour encourager le côté amical)
Bye : Au revoir Merci bonjour : Merci bonne journée
Sur le plancher : Dans la boutique La fin de semaine : Le Week-end
Brocher : Agrafer Un support : un cintre
La moppe : La serpillière Le papier brun : Sopalin (mais brun sinon ça s’appelle de l’essuie-tout)
Le push-push : Le pchit (pour les vitres par exemple) Faire la close : Faire la fermeture
Un lunch : Un déjeuner / un repas Prendre ses choses : Prendre ses affaires
Une facture : Un ticket La salle de bain : Les toilettes
Gars / Fille : Homme / Femme Payer comptant : Payer cash, en liquide
En rabais / En spécial : En promotion Je me coupe : J’y vais, je m’en vais
Le back-store : La réserve De l’autre bord : De l’autre côté
Un chiffre : Une plage horaire de travail Sizer : Ranger par grandeur
Un morceau de linge / Une pièce de linge : Un vêtement Une camisole : Un débardeur
Un chandail : Un t-shirt Une culotte courte : Un short
Une culotte : Un pantalon Des bas : Des chaussettes
Des mitaines : Des gants Une tuque : Un bonnet
Un foulard : Une écharpe Des gougounes : Des tongs
Des souliers : Des chaussures Des pantoufles : Des chaussons
Puncher : Pointer
Et j’en passe…
Je maîtrise aussi le genre d’expression « c’est full beau », « ça vous fit tu ?», « c’est sick / epic» ou « tu vas tripper / capoter ». Et puis quelques insultes, mais « ‘stie d’câlice de tabarnacle de maaaaarde » je vais quand même pas écrire ça ici.
Voilà donc un bon article, bien passionnant. J’ai beaucoup aimé et n’hésiterai pas à le recommander, c’est pas mal du tout ! Elsa Mondriet / june.fr
Merci beaucoup pour ce commentaire! Ça nous fait toujours très plaisir d’avoir des retours (d’autant plus quand c’est sympa ;))! Merci pour le moment passé ici et pour le partage! A bientôt?
Excellent article. Keep writing such kind of info on your blog. Im really impressed by your blog.
Merci, pour votre blog et vidéos sur youtube, très intéressant et drôle.
La liste du vocabulaire est utile pour moi qui est du Québec à voir l’équivalent « Français » :o)
Merci pour ce partage, c’est pas mal du tout. Je m’occupe de la partie actu pour la ville de la Rochelle et je ne vais pas hésiter à relayer votre article. Cordialement.