Profitant d’un weekend prolongé au début du mois de septembre , on est parti à la découverte de l’île de Manitoulin, à quelques centaines de kilomètres au nord-ouest de Toronto. Cette île est tout simplement la plus grande île située sur un lac au monde. Et pas n’importe quel lac, puisqu’il s’agit de l’un des cinq Grands Lacs d’Amérique du Nord : le lac Huron. L’île contient elle-même le plus grand lac situé sur une île (t’as compris?). Il s’agit du Lac Manitou.
Wikipédia nous dit qu’elle compte « 12 600 habitants permanents, auxquels s’ajoutent plus de 3 000 personnes pendant l’été ». C’est vrai que c’est une région super pour le tourisme, puisque pas très loin de Toronto (500 km de voiture ? C’est rien du tout!) et propice aux activités outdoor comme la randonnée, les activités nautiques, l’équitation ou encore la pêche dans l’une de trois grandes rivières qui courent sur l’île et qui sont pleines de saumons et de truites, paraît-il. Nous, on a pas eu le temps de pêcher, mais on a vraiment profité de ce weekend pour partir à la découverte de l’île, mais aussi de la Péninsule-Bruce, située à 1h45 de ferry au sud de l’île.
Manitoulin, c’est historiquement une île indienne. En ojibwé ça veut dire « l’île aux esprits ». Des Européens sont arrivés là en mission jésuite au XVIIe siècle, ils ont rapporté des maladies qui ont tué un paquet d’autochtones qui vivaient là, tranquilles, sans rien demander à personne. Une fois contaminés, ils ont été invités à partir, avant que l’île ne soit entièrement brûlée pour la purifier. Trois tribus indiennes s’y sont réinstallées 150 ans plus tard, au début du XIXe siècle, et comme ils sont sympas, ils ont rédigé un traité avec les non-indiens pour se partager l’île. Seule la réserve des Wikwemikong (A tes souhaits. Merci.) est restée incédée par le grand chef qui a dit « oh, là faut pas abuser non plus » (enfin en indien quoi). Alors sur l’île, les villages s’appellent « Kagawong », « M’Chigeeng » ou encore « Mindemoya » et il y a tout cet héritage culturel indien qui essaye d’être préservé à travers des propositions touristiques notamment, pour découvrir l’artisanat indien, passer une nuit en tipi ou encore participer à la célébration d’un pow-wow. Je ne sais pas si je crois aux esprits, mais en tout cas, il est certain qu’il y a quelque chose de magique sur cette île. En se baladant le soir dans les petits villages au nord de l’île, on a vraiment ressenti quelque chose de mystérieux, à la fois intrigant et un peu étrange. Un peu comme un vieil épisode d’inspecteur Barnaby du dimanche soir. Comprendra qui pourra.
On a commencé notre journée à Manitoulin par emprunter le Cup and Saucer Trail, un sentier de randonnée très connu de l’île, situé à quelques kilomètres de la ville de Little Current. Ce sentier représente une dizaine de kilomètres de marche (si on choisit de faire toute la boucle) à travers la forêt notamment, avec tout en haut des falaises, un point de vue à couper le souffle sur la forêt et les lacs à perte de vue. On n’avait pas vu quelque chose de si beau depuis un bail. On s’est sentis tout petits et on a pris le Canada en pleine tronche, comme chaque fois qu’on part à la découverte de la nature sauvage. On a eu la bonne idée de commencer le trail vers 9h du matin. On le recommande à tous les voyageurs qui passeraient par là. On est arrivés les premiers sur le sentier et à notre retour le parking était rempli. Evidemment, c’était un weekend prolongé, un des derniers de l’été, avec un temps de rêve et c’est un endroit assez connu. Donc pour profiter du calme de la forêt, mieux vaut se lever tôt !
Après cette petite marche, on est allé déjeuner dans un snack trop chouette au bord de la route principale qui vous emmène à travers l’île. On a mangé pour trois fois rien, des sandwichs et des supers bons desserts faits maison. On a rechargé la batterie de l’appareil photo (et les nôtres avec une petite sieste digestive) et on s’est dirigé vers les Bridal Veil Falls (les chutes du Voile de la Mariée) tout près de là, à quelques minutes de voiture. C’est un vrai petit coin de paradis qui abrite deux chutes (une très grande et une toute petite) sous lesquelles il est possible de se baigner, si on a pas peur de mourir gelé. On l’a fait. Enfin Damien est resté vraiment plus longtemps que moi. Moi, ça m’a rappelé la douce température de la Manche en plein mois d’août. On n’y est pas resté très longtemps parce qu’il y avait énormément de monde et du coup, c’était un peu bruyant. En tout cas, c’est vraiment à voir!
On a repris la voiture et on a roulé en direction de la plage où on s’est installés pour une petite heure, pour profiter du bruit des vagues et du paysage incroyable.
En fin d’après-midi, on avait réservé une balade à cheval au centre équestre de Honora Bay. Une heure de balade, rien que nous deux et nos deux guides, à travers la forêt et les plaines de l’île. C’était vraiment génial. Nos chevaux étaient magnifiques et le parcours vraiment sympa. La responsable n’était pas hyper pédagogue, c’est le seul point négatif. C’est le genre de monitrice d’équitation qui oublie un peu que les gens qui aiment faire du cheval ne sont pas tous des cavaliers avertis. On l’a sentie vraiment stressée au moindre faux pas, et plus proche de ses animaux que de ses clients. Damien, qui n’avait fait du cheval que deux fois dans sa vie, a quand même bien profité de cette balade et ça n’a rien enlevé au plaisir pour moi de remonter à cheval et surtout à la beauté du paysage.
Le soir, on a regagné notre hébergement du weekend : une petite caravane ancienne, gentiment mise à disposition par un jeune couchsurfeur vivant sur l’île. Il possède une ferme qu’il entretien et rénove lui-même (bien qu’en fauteuil roulant). Il a également un énorme potager, des poules, des chats et des chiens. La douche est extérieure et solaire et les toilettes sèches sont au fin fond de la forêt. Il accueille énormément de monde, couchsurfeurs, voyageurs ou personnes souhaitant simplement prendre part à son projet. La caravane était vraiment sommaire, sans fenêtres, sans électricité et un peu crado, mais on a bien rigolé. La nuit a quand même été courte et un peu difficile.