Décalage horaire: Le syndrome du décalage horaire, ou jetlag en anglais (parfois nommé « arythmie circadienne ») est une condition physiologique particulière qui résulte d’un voyage rapide à travers plusieurs fuseaux horaires, généralement en avions. Un tel voyage décale effectivement les différentes horloges internes (rythme circadien ou cycles du sommeil) et l’activité extérieure (alternance jour/nuit, activité autour d’un individu)
Wikipédia
Jetlag : [ˈdʒetlæg] (noun) fatigue due au décalage horaire
Larousse
Il m’a fallu plus d’une semaine pour me mettre à l’heure américaine. Nous avons 6h de décalage horaire avec la France et après avoir traversé cinq fuseaux horaire, les effets du jetlag se sont très vite fait ressentir : somnolence vers 17 h 00, fatigue extrême en soirée et réveil comme une fleur aux alentours de 5 h 30. Tous les matins, depuis 20 jours, j’ai le même sentiment d’avoir trop dormi. Tous les matins, depuis 20 jours, il est 6 h 30 maximum lorsque j’ouvre les yeux pour la première fois. Il faut dire aussi que les Américains n’ont pas de volets, ce qui n’aide pas. Damien, lui, dort comme un bébé. Il dormirait bien jusqu’à 10h si je n’étais pas assise au bord du lit ou en train de faire tout un tas de bruit pour le réveiller exprès. Le jour appartient à celui qui se lève tôt. Et j’ai tellement attendu pour voir le monde que je me le dis chaque jour : « on dormira quand on sera mort ».
Quand nous avons préparé ce voyage, nous avons, d’un consentement mutuel, décidé de tirer un trait sur les hôtels de grand luxe (et les hôtels tout court), et ce, pour des raisons évidentes de budget. Une nuit en motel c’est déjà souvent plus de 50 $. Plusieurs solutions s’offraient alors à nous et nous les avons toutes exploitées (l’option camping en plein mois de janvier s’étant d’elle-même rayée de la liste).
L’auberge de jeunesse
L’auberge de jeunesse, « Hostel » en anglais est une excellente solution pour se loger à moindre coût dans les grandes villes du monde. On a opté pour ce mode d’hébergement à Miami où l’on n’a pas trouvé de couchsurfing. 30 $ la nuit pour 2 en plein cœur de Miami Beach, avec le petit déjeuner, une piscine, un bar et un restaurant dans l’hôtel : c’est clairement la meilleure solution qu’on ait pu trouver. Mais forcément il y a des contreparties. Le Freehand Miami Hostel fut un excellent deal sur beaucoup de points : literie, propreté, ambiance, etc. On va dire qu’on a juste tiré le mauvais dortoir. Car oui, pour 15 $, évidemment, on n’a pas une suite présidentielle à partager en amoureux. Ce sera de bons vieux lits superposés (que le règlement intérieur interdit de partager) avec un petit rideau entre chaque pour symboliquement minimiser la proximité avec son voisin d’en face.
On est arrivé à l’auberge en début de soirée et on nous a donné les cartes de notre chambre. Un grand dortoir de huit personnes… vide ! On a évidemment commencé à s’étaler un peu, ne voyant personne venir. On s’est dit « chouette ! », il n’y aura que nous ce soir ! On a choisi nos lits, loin de la porte d’entrée, moi en haut pour me sentir plus en sécurité et Damien en bas (rapport à la taille). Et puis on a commencé à sentir le décalage horaire et à tomber de fatigue vers 22 h 30. Et à 23 h 00, 8 allemands sont entrés dans la chambre avec autant de sacs à dos. Après quelques mots échangés en anglais et un aller-retour à l’accueil, il a fallu se rendre à l’évidence : on nous a mis dans le mauvais dortoir. Il a alors fallu tout rempaqueter alors que ma couleur rouge avait déjà commencé à déteindre sur l’oreiller. Et traverser toute la terrasse de l’auberge noire de monde avec nos sacs et nos tronches enfarinées (en contrepartie, on nous a offert deux boissons gratuites au bar).
On a finalement découvert notre nouvelle chambre, bien remplie cette fois-ci (ce qui avec du recul paraît beaucoup plus logique en cette période de haute saison à Miami). Et on a pu découvrir les joies de la vie en collectivité : le vol de mon gilet préféré (mis à sécher en mon absence car trempé à la suite du renversement accidentel de l’intégralité de mon flacon d’eau micellaire dans ma valise), la proximité, l’absence d’intimité, les poils dans la douche commune, les gens qui boivent/se droguent/hurlent la nuit/ronflent/ont des rapports sexuels/se font sortir de la chambre par la sécurité/construisent des cabanes avec leurs draps pour qu’on ne voit rien de ce qui se passe chez eux (ce qui n’est pas du tout rassurant convenons-en)… et j’en passe.
J’ai souvent eu peur dans cette chambre, mais mon bilan reste qu’on a seulement manqué de chance avec nos colocataires, car l’auberge en elle-même était vraiment super.
Le couchsurfing
La promesse du site :
We envision a world made better by travel and travel made richer by connection. Couchsurfers share their lives with the people they encounter, fostering cultural exchange and mutual respect.
Traduisez grosso modo par : « Le monde c’est plus beau quand on voyage et les voyages c’est carrément plus cool quand on rencontre plein de gens super sympa qui ont envie de partager leur vie et des valeurs communes d’échange culturel et de respect de l’autre ». Oui, voilà, grosso modo.
Le couchsurfing serait donc une histoire de rencontre, mais aussi et souvent une histoire de lit gratoss dans tout un tas de coins improbables du monde. Pour nous c’était un peu des deux, car cette économie d’hébergement nous permettait de faire beaucoup plus de visites et d’activités dans les villes traversées, mais c’était aussi l’occasion de rencontrer des gens qui vivent dans les villes que nous allions parcourir et qui seraient pour nous des témoins et des guides le temps d’un ou plusieurs jours.
Nous devions avoir tout un tas d’hôtes (comme on les appelle sur le site) pour ce voyage. Et puis finalement on en a pas eu tant que ça puisque nous n’avons rencontré qu’une partie des couchsurfers chez qui nous devions rester.
Sur le site c’est simple, vous remplissez votre profil en précisant que vous êtes « hyper sympa » et « hyper ouverts aux autres » et aussi « hyper dynamiques » (bon jusque-là on ne mentait pas trop, n’est-ce pas ?) et vous recherchez des personnes qui proposent un hébergement chez eux à titre gratuit dans la ville qui vous intéresse. Vous envoyez la demande et vous priez qu’une personne super chouette vous réponde au plus vite. Vous arrangez ensemble l’organisation et vous vous pointez avec un grand sourire et vos valises le jour J.
Dans la réalité c’est parfois un peu différent puisque nous n’avons pas eu la chance de rencontrer nos deux premiers hôtes qui ont changé d’avis à 22h, pour l’un, et plus jamais répondu après avoir accepté notre demande, pour l’autre.
Mais parfois il y a des bonnes surprises et un paquet de rencontres incongrues et improbables qui s’annoncent. Un lit, un matelas gonflable ou juste un canapé en cuir. Parfois c’est le grand luxe, un petit-déjeuner avec du bacon et des baggels, des verres dans des bars sympa, une visite en ville et parfois c’est plutôt « Une couverture ? Un diner ? Jamais entendu parler. ». Mais nous sommes bien tombés car nos hôtes étaient vraiment super. Et puis la soirée sans dîner m’a permis de sortir ma carte « quiche Lorraine » qui marche à tous les coups.
[Les personnages que nous avons pu fréquenter devraient faire l’objet d’un article à part entière car il y aurait vraiment trop à dire.]
Air BnB
L’Air Bnb c’est plus ou moins le même concept, mais les particuliers qui mettent « une chambre » (ou juste un matelas, ou même juste un bout de plancher) à disposition, le font en échange d’une participation financière souvent dérisoire comparée au prix d’une chambre d’hôtel. C’est notamment de cette façon que nous avons pu dormir à Manhattan pour 45 dollars la nuit.
Mais à quel prix. Nos deux expériences d’Air Bnb ont été hautes en couleur et les souvenirs que l’on en gardera seront impérissables ! Le premier, c’était à Orlando chez Lida et Diego, deux « petits vieux » colombiens. Le prix le moins cher de la ville et les centaines de références laissées par les voyageurs nous ont convaincus. Et puis bon finalement, c’était quand même beaucoup moins bien qu’en photo. Et puis ça sentait la soupe toute la journée, la télé hurlait en espagnol et il y avait beaucoup de monde dans une si petite maison. Et puis la porte de la maison ne fermait pas à clé. Et la salle de bain était pas hyper clean… Mais ils étaient gentils, quand on arrivait à les comprendre parce qu’il a fallu se remettre vite fait à l’espagnol pour communiquer avec le bavard Diego du haut de ses 80 et quelques printemps.
Et puis il y a eu New-York. Ah New-York, la Grande Pomme. C’EST NOUS LES POMMES OUAIS! 50 dollars la nuit, ça aurait dû nous mettre la puce à l’oreille. Mais il faut avouer que ça nous a bien sauvé quand même de trouver cet appartement en plein milieu de Chelsey, à deux pas de l’agence pour rendre la voiture et à deux pas de la gare où nous devions prendre le train pour Montréal.
Mais on se serait volontiers passé des 100 kilos de valises à monter au 5ème étage sans ascenseur (64 marches, l’annonce le précisait mais on avait dû lire entre les lignes…). On se serait passé aussi du chauffage cassé dans la chambre qui fuyait comme une cocotte-minute, avec le bruit, l’odeur aigre de la vapeur, du calcaire et de la poussière et la chaleur étouffante. On a dormi les fenêtres ouvertes par -10 degrés dehors, c’est pour dire. Il faisait bien 40 degrés dans la chambre, mais le gentil monsieur nous a fourni un humidificateur d’air afin qu’on ne finisse pas comme de vieux pruneaux desséchés. Le beau geste. On a dormi dans la chambre de ses enfants, qu’il loue quand ils sont chez leur mère. Dans des lits superposés d’1m89. Damien repassera pour le confort (il fait 1m96) et moi je ne vais quand même pas me plaindre de ce « tout petit » ressort qui me laboure les omoplates.
Il y a des draps propres dans la chambre et même des serviettes de toilettes qui sont arrivées la veille de notre départ. Le monsieur ne ferme jamais la porte à clé, il nous a pourtant fourni deux trousseaux (au cas où « on se dispute » a-t-il précisé). On est un peu inquiets car la porte du hall ne ferme pas non plus et il y a toute notre vie dans cette petite chambre bourrée à craquée de jouets. Et puis il y a cet accord tacite qu’on a dû passer avec lui : « ne parler à personne dans l’immeuble » et si on croise quelqu’un qui nous pose des questions, répondre seulement « nous sommes des amis de Mike ». Ca pue le truc illégal à plein nez, comme la plupart des Air Bnb d’ailleurs.
Et puis il y a les souris dans la cuisine. Mon cauchemar. Stella la petite copine new-yorkaise de notre copain Matt nous avait prévenu de ne pas laisser trainer de nourriture dans un vieil appartement New-Yorkais. J’avais suivi ses conseils en me disant quand même qu’elle devait psychoter un peu. Et puis un matin, Damien était dans la chambre et moi dans la salle de bain accolée à la cuisine. Et je les ai entendus. Les petits couic-couic et les bruits de pattes qui grattent derrière le vieux placard de la cuisine. Ça m’a clairement glacé le sang pour tout avouer car je ne suis vraiment pas une grande fan des rongeurs en général. Damien me dit que c’est mignon une souris. Mais moi je l’ai vraiment pas trouvé mignon Stuart Little coincé entre les deux barres de la tapette stratégiquement placée entre le frigo et la gazinière (il le savait donc qu’il y avait des souris chez lui…). Et puis après je me suis convaincue qu’elle était morte et que je n’entendais plus de bruit. Mais Stella a confirmé tout haut ce que je pensais tout bas : « Quand il y a une souris, il y a mille souris ». Et le lendemain matin, la mère de Stuart Little a failli être témoin d’un malaise quand j’ai croisé sa route dans la cuisine alors qu’elle était seulement venue gentiment me dire au revoir.
Air Bnb… tellement de souvenirs pour si peu de sous dépensés !
L’hébergement chez des amis
On a surtout dormi chez des amis aux Etats-Unis. Des amis rencontrés en France lors de leur semestre d’étudiants à « Georgia Tech Lorraine » et qui nous avaient dit avant de partir « Si un jour vous venez aux Etats-Unis passez nous voir ! » … et ça n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.
J’ai parfois du mal à profiter de l’hospitalité des gens. Mais Damien me dit que, si on a été aussi bien accueillis, c’est peut-être un peu le Karma, car on les a aidés aussi, parfois, quand ils étaient en France. C’est sans conteste là qu’on a eu les meilleurs lits, les meilleurs petits déj’, les meilleures visites guidées de ville et les meilleurs moments finalement (car partagés avec des gens qu’on aime). Un ami nous a même laissé son appartement à Montréal pendant qu’il vit à New-York. Au 17ème étage, tout équipé, avec une vue imprenable sur toute la ville, une immense baignoire et de quoi laver et sécher notre linge.
Souvent je remercie souvent nos parents respectifs de nous avoir faits ouverts aux autres et « out-going » comme disent les américains. Ça nous a permis de belles rencontres et de belles retrouvailles.
La voiture
Et puis il y a le dernier recourt : dormir dans la voiture. Il ne reste qu’à trouver la bonne position. Mais il n’y en pas. Choisir entre être assis à l’avant et être recroquevillé à l’arrière, c’est un peu choisir entre la peste et le choléra. J’ai choisi la banquette et Damien a dormi à l’avant (rapport à la taille épisode 2…). On a assez mal dormi, soyons honnêtes, bien que tombés de fatigue en quelques minutes. Le réveil est brutal vers 6h quand le soleil se lève. On est bien courbaturés. Quelle idée aussi de prendre l’accoudoir de la portière comme oreiller…